En français comme en anglais, it’s easy to criticize

 

1998

Tant dans la thématique que dans la forme, la relation Montréal-Toronto est au cœur de cette production, qui se veut un processus incessant de traduction — parfois juste, parfois fautive — entre le français et l’anglais, entre deux univers. Ce mouvement fluide caractérise aussi le rapport on ne peut plus humain entre les créateur·rices, provenant de Montréal et de Toronto. Cette performance scrute la notion de « critique », que ce soit une question interpersonnelle ou artistique, dans ses manifestations anodines et quotidiennes, ou dans l’univers plutôt littéraire de la critique et de la pensée.

 

La performance En français comme en anglais, it’s easy to criticize ne met pas l’accent sur la critique professionnelle, mais insiste plutôt sur les méthodes fortuites qu’utilisent les humains pour s’évaluer mutuellement (de l’allusion désinvolte jusqu’à l’attaque verbale la plus violente). S’il est facile de critiquer, il est difficile d’agir, ne serait-ce que pour infliger la plus petite égratignure à ce monde surchargé d’informations et de stimuli qui nous désensibilisent au contenu. Il est difficile de faire tomber les murs (qui ont été mille fois abattus par le passé, mais qui semblent aujourd’hui capables d’encaisser le décapage au jet de sable), afin de permettre l’émergence de valeurs durables (ou de quelque chose qui s’en rapproche) dans nos vies comme dans le travail.

Comme toutes les œuvres de PME, En français comme en anglais, it’s easy to criticize se situe dans une sorte de triangle des Bermudes métaphorique, délimité par l’interrelation entre le théâtre, la danse et la performance (ou, paradoxalement, par leur manque d’interrelation). Cette création mélange le cérébral au viscéral, sans effort apparent ; le sens du spectacle se construit graduellement grâce à la complicité des acteur·rices et des spectateur·rices, dans un climat à la fois provocateur et convivial.

 

Création et performance : Alexandra Rockingham Gill, Benoît Lachambre, remplacé par Martin Bélanger, Julie Andrée T., Tracy Wright (remplacée à une occasion par Shannon Cochrane) et Jacob Wren. Traduction des textes : Carrie Loffree, Sylvie Lachance, Caroline Dionne et l’équipe de création. Traduction et caméos (en tournée) : Ondřej Hrab (Prague), Detlef Skowronek (Dresde), Sven Åge Birkeland (Bergen et Stockholm), Sven Medvesek (Zagreb), Nikolai Francke (Berlin) et Veit Sprenger (Hambourg). Éclairage : Robert Gauthier et Lee Anholt. Assistance à la production : Catherine Bisaillon. Direction technique : Lee Anholt et Paul Caskey. Agents et conseillers à la tournée : Menno Plukker et Sherrie Johnson.

Résidences, coproductions et collaborations : Inkonst (Malmö), En codiffusion avec Tangente et le festival Les 20 jours du théâtre à risque (Montréal). Avec l’appui du Conseil des arts du Canada, de Patrimoine canadien, du ministère des Affaires étrangères et du Commerce international du Canada, du Conseil des arts et des lettres du Québec, du Conseil des arts de Toronto, de la fondation Laidlaw et de Georges Laoun Opticien, à l’occasion de Québec in Motion UK 2000 et de Québec à New York 2001.

 

Montréal, Tangente – Les 20 jours du théâtre à risque • Montréal, Nouvelle Scène — Festival de théâtre des Amériques • Bergen, BIT Teatergarasjen • Prague, Divadlo Archa • Dresde, Projekttheater • Québec, festival Mois Multi • Toronto, The Theatre Centre • Lisbonne, Culturgest • Cognac, L’Avant-Scène • Brighton, Gardner Arts Centre • Mont-Saint-Aignan, Centre d’art et d’essai • Manchester, The Green Room • Londres, ICA • Cardiff, Chapter Arts Centre • Zagreb, festival Eurokaz • Berlin, Podewil • New York, P.S. 122 • Hambourg, Kampnagel • Stockholm, Kulturhuset • Gand, Nieuwpoorttheater • Montréal, Usine C


Collage qui tient en partie de la dance, de la critique sociale et du glandage cérébral […] PME questionne la nature même du spectacle. Mais elle ne manque jamais d’être ce spectacle, et il est sacrément bon. Que Dieu bénisse le Canada.

– Brian Parks, The Village Voice, New York

D’une présence irrésistible, les cinq comédiens-danseurs-performeurs de PME soufflent sur la logique théâtrale et les codes scéniques traditionnels comme le loup sur la maison de paille ; ils déconstruisent la linéarité de la fable, s’amusent à subvertir la séduction des costumes et des éclairages, font la grimace à toute esthétique décorative ou ostentatoire.

– Solange Lévesque, Le Devoir, Montréal

On aura compris que Jacob Wren—bel invité du FTA—est un zigoto, un petit malin, et qu’il se sert sournoisement du thème de la traduction comme de celui de la critique d’ailleurs, et on ne sait trop pourquoi si ce n’est que ces formes d’art seraient, selon lui, deux formes de traîtrise. Oh là là.

– Robert Lévesque, Ici, Montréal

Ce spectacle m’a plu complètement. Ô fraîcheur ! Ô intelligence ! [deux] gars, [trois] filles. De la bonne musique… [ce que j’ai vu] présentait cette qualité que je recherche précisément : un lien entre l’art et la vie. Le même désir, je crois, qui a fait dire à Filiou : « L’art est ce qui rend la vie plus intéressante que l’art ».

– Sylvie Cotton, ETC., Montréal

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Le Génie des autres / Unrehearsed Beauty (2002)