La famille se crée en copulant

 

2005

La famille se crée en copulant est centré sur la famille et son rapport au monde contemporain. Trois comédien·nes représentent une famille traditionnelle : la Mère, le Père et la Fille. L’œuvre part du principe que tout le monde a une famille et que chaque personne peut s’identifier au champ thématique comme pivot permettant d’interroger nos présupposés — généraux et généralisant — sur la vie de famille moderne. On ne perd jamais de vue que nos sentiments à l’égard de notre famille comptent parmi les émotions les plus intimes et intenses qu’il nous soit possible d’éprouver.

 

Une blague circule au sein de PME à propos de ce spectacle. La blague, c’est que La famille se crée en copulant est un spectacle où on aimerait convaincre le public de ne pas avoir d’enfant ou, s’ils en ont déjà, de ne pas en avoir d’autres. 

Pourquoi renoncer à avoir des enfants ? Eh bien, d’abord, soyez honnête avec vous-même et tâchez d’évaluer exactement ce que vous ressentez pour vos parents. Si cela ne suffit pas, considérez le monde dans lequel on vit et convenez que ce n’est peut-être pas un endroit particulièrement approprié pour accueillir un enfant. Ce n’est qu’une blague, ne l’oubliez pas. On est parfaitement conscient qu’on ne convaincra personne. Que de toute manière, les gens vont continuer d’avoir des enfants. 

La famille se créé en copulant met en scène une situation familiale assez tordue qui, si elle peut être interprétée comme celle d’une famille en particulier, peut tout aussi facilement être lue comme les expériences multiples superposées de plusieurs familles différentes, peut-être même communes à toutes les familles. Cette ambigüité narrative crée un parallèle avec l’ambigüité morale des thèmes présents dans le spectacle lui-même et dans les situations extrêmes qu’il présente. Sans compter les sentiments ambigus et profondément complexes que l’on éprouve souvent, individuellement, en tant que membre d’une famille nucléaire. Si la famille nucléaire est un peu le socle du monde dans lequel on vit, c’est au scalpel « performatif » qu’elle est ici disséquée. 

La pièce correspond à la première partie du livre La famille se crée en copulant (Le Quartanier, 2008) ou en V.O. Families are Formed Through Copulation (Pedlar Press, 2007).

 

Texte et mise en scène : Jacob Wren. Création et performance : Gaétan Nadeau, Laure Ottmann et Tracy Wright. Traduction : Eva Labarias (en français), Nikolai Francke (en allemand) et Tomoyuki Arai (en japonais). Installation : Jean-Pierre Gauthier. Chorégraphie : Martin Bélanger. Direction technique : Mathieu Chartrand. Régie : Keri Strobl et Isabelle Beaudry.

En coproduction avec le Forum Freies Theater (Düsseldorf). Résidence : Usine C (Montréal). Avec l’appui du Conseil des arts du Canada, du ministère des Affaires étrangères et du Commerce international du Canada, du Conseil des arts et des lettres du Québec, du Conseil des arts de Montréal et de la Kunststiftung NRW (Fondation pour les arts de la Rhénanie-du-Nord – Westphalie, Allemagne).

 

Montréal, Usine C • Bruxelles, Kaaitheater • Düsseldorf, Forum Freies Theater • Bergen, BIT Teatergarasjen • Tokyo, Post-Mainstream Performing Arts Festival • Maubeuge, Le Manège — festival Via • Dresde, Projekttheater • Créteil, Maison des Arts — festival Exit • Prague, Divadlo Archa • Cardiff, Chapter Arts Centre


Avec La famille se crée en copulant, PME a le mérite d’obliger le public à se poser quelques questions avant de passer à l’acte [d’avoir des enfants]. [La démonstration] commence avec une succession de propos plus ou moins nihilistes nous rappelant la brutalité du monde et la complexité des rapports familiaux, puis culmine en troisième partie avec une lecture [par voix numérisée] d’un manifeste rigolo, cousu d’arguments subjectifs. Mais en grands avocats du diable qu’ils sont, ces artistes ne pouvaient laisser le public sur une note aussi catégorique et univoque. On conclut donc le spectacle sur réconciliation délicieusement discordante […] humour pince-sans-rire, style de jeu décontracté, choix musicaux surprenants, chorégraphies nonchalantes (signé Martin Bélanger), espace scénique éclaté. Si la forme est sensiblement la même d’une production à l’autre, le contenu est constamment renouvelé. Le théâtre de PME nous plonge au cœur de nos contradictions. Il favorise la cohabitation du rationnel et de l’irrationnel […] débusque nos ambiguïtés et renverse les idées reçues.

– Ève Dumas, La Presse, Montréal

[…] le jeu proposé, apparemment décontracté, voire désinvesti, constitue l’élément le plus fort et le plus captivant de ce spectacle […] le type de mouvement privilégié par Wren rompt avec la religion de « l’économie du geste ». Et quel bonheur ! Quel plaisir de voir tous ces petits mouvements parasites, ces explosions furtives de spontanéité (réelle ou simulée), ces rencontres maladroites des corps et des regards. Paradoxe d’une décontraction construite, jouée, le jeu acquiert ici une valeur métaphorique et se fait révélateur d’une vérité […] Aussi, ce type de jeu peut étonner, voire déstabiliser, est-il tout de même rafraîchissant de voir que, d’une pièce à l’autre, les productions de PME arrivent à ébranler la tyrannie, aujourd’hui consensuelle, du geste précisément et ostensiblement chorégraphié. […] certaines images, certains fragments textuels — amers, cinglants, parfois ambigus — formant écho avec l’étonnant nouvel objet scénique conçu par Jacob Wren et ses acolytes. PME ou l’indéniable charme de la désinvolture. Ce n’est qu’un peu plus tard, au détour d’une conversation ou bien au fil de pensées vagabondes sur la fragilité des relations humaines, que ces images referont surface, subitement, laissant éclater avec force leur charge ironique et (plus rarement) poétique.

– Catherine Cyr, Jeu, Montréal

[…] une personnalité majeure de la scène canadienne, Jacob Wren, triture au scalpel les relations entre parents et enfants pris dans la grande lessiveuse contemporaine. La famille se crée en copulant mélange confessions dérangeantes, thérapie cinglante et réflexions ambiguës, sur un style désinvolte d’une efficacité assassine […] 

– Gwénola David, La Terrasse, Paris

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